Prix de détail : la baisse se fait attendre en dépit de la décrue des marchés de gros.

Que décider pour son contrat ?

Il est toujours utile de regarder ce qui se passe avec les Tarifs réglementés de Vente (TRV) de l’électricité. La crise du marché de gros a été à son plus fort en 2022. Le consommateur a été plus ou moins protégé de l’explosion inédite des prix du gaz et de l’électricité sur les bourses d’échange (voir notre article à ce sujet). Une protection que le contribuable va payer au prix fort (plusieurs dizaines de milliards d’euros en 2021/22 et encore 17 milliards anticipés par la CRE pour 2023). Ce 1er août 2023, les TRV électricité augmentent de 10% ; il s’agit d’un décision politique mais ils seront encore presque 40% en dessous de la valeur théorique calculée par la CRE. Pourtant, ils ont augmenté de plus de 25% depuis février 2023. Corolaire : les contrats de fourniture ne suivent pas la baisse des marchés ; de plus, l’état allège progressivement le niveau des aides. Explications et perspectives pour les consommateurs professionnels.

Baisse des marché

Les marchés de gros ont baissé – vraiment ?

Premier moteur de la baisse des marchés depuis début 2023 : la baisse de la demande (de 10 à 15% en fonction des énergies et des référentiels) ! C’est elle qui a sauvé au premier chef l’Europe de coupures tournantes ou de manque de gaz, en plus d’une météo clémente. La production nucléaire reprend des couleurs après avoir été le moteur de l’envolée des prix de l’électricité en 2022. La crise Ukrainienne a rajouté une crise du gaz. Aujourd’hui, les centrales de production d’électricité à gaz dictent de nouveau le prix de gros du MWh. Ainsi, les marchés de gros du gaz et de l’électricité sont redevenus étroitement couplés. C’est le principe du Merit Order.

Ce principe est celui qui régit le marché européen en attendant une éventuelle réforme. On constate d’ailleurs ce lien entre prix du gaz et prix de l’électricité – il faut 2MWh de gaz pour produire 1 MWh d’électricité. Rajoutez le prix de la tonne de C02 (environ 0,5 tonne de CO2 par MWh) et le calcul se tient. Les fondamentaux semblent revenus, suivant en cela les règles de marché actuelles.

Constat

le marché du gaz reste très fluctuant et dépend maintenant en grande partie du GNL (l’Europe a restructuré ses sources d’approvisionnement à vitesse record pour ce gaz approvisionné par bateau méthanier, qui se substitue au transport par gazoduc depuis la Russie). Et le coût du m3 de GNL est bien plus élevé que le m3 de gaz Russe ou Norvégien. Le prix de marché du gaz varie dans un tunnel entre 45 et 55€ du MWh (pour livraison en 2024) contre moins de 15€ en 2021. L’évolution des prix de marché à terme du gaz ou de l’électricité depuis le début de l’année (voir le graphique) démontre une volatilité importante. Les prix oscillent très au-dessus (de 2 à 4 fois) des prix moyens constatés pour livraison 2021 et 2022 en 2020. Complexe ? N’hésitez pas à nous contacter !

Les prix de gros qui permettent de construire les contrats de fourniture ont bien baissé depuis janvier 2023. Mais la crise de 2022 a été tellement violente que l’on peine à voir les évolutions dramatiques de ces marchés.

Une réforme européenne dans la douleur

Le marché tel qu’il est structuré apporte des bénéfices : des prix bas pendant des années, la solidarité entre les pays pour éviter les ruptures d’approvisionnement ou les black-out sur 2022. La France a été nette importatrice d’électricité en 2022. Simultanément, elle a transféré du gaz vers ses voisins qui en manquaient. Le système actuel est mis à mal par la complexification de la production d’électricité et la volatilité : plus de renouvelable, plus de production décentralisée, plus d’intermittence, situation géopolitique complexe (pour le gaz notamment).

La France, qui a proposé le principe du « Merit Order », veut bâtir un mécanisme de fixation des prix de l’électricité qui reflète les coûts de production. Elle doit aussi trouver un successeur à l’ARENH qui arrive à échéance fin 2025. Il s’agit de garantir aux consommateurs français le bénéfice de la rente nucléaire. EDF doit aussi prolonger ses centrales existantes et investir dans les centrales de prochaine génération.

Pour l’instant, le statu quo semble de mise au niveau européen. Deux mécanismes s’ajouteraient au Merit Order :

  • Possibilité de développer des contrats à prix fixes et de long terme (PPA par exemple, contrats de détail à 5 ans)
  • Autorisation des investissements publics sous la forme de prix garantis pour les productions décarbonées (abondement de l’état si le prix de marché est en dessous du prix garanti, plafonnement et redistribution des recettes si le producteur vend au-dessus de ce prix garanti)

Dans tous les cas, une réforme est loin d’être actée. Son impact sur les consommateurs n’aura pas d’effet visible avant fin 2024 ou 2025..

Et vos contrats de fourniture dans tout ça ?

Cet épiphénomène (hausse inédite des prix de gros du gaz en 2021, de l’électricité en 2022) semble s’inscrire dans la durée. Les marchés de gros du gaz et de l’électricité s’installent à des niveaux beaucoup plus élevés qu’avant 2021. Bien malin qui pourra dire ce qui pourrait se passer. Alors que les contrats de fourniture ne suivent pas la baisse des marchés, que faire ?

Un retour à des niveaux pré-crise pour les contrats de fourniture semble loin. Par exemple, le calcul théorique des TRV intègre l’évolution des marchés de gros depuis 24 mois : le marché de gros a baissé mais le marché de détail reste très élevé. Le prix de contrat prend en compte la réalité d’approvisionnement des fournisseurs ! Heureusement, la part d’ARENH (à 42€/MWh) dans les prix de détail joue un rôle d’amortisseur puissant. Nous vous expliquons la construction des marchés de détail dans cet article.

Les entreprises devront probablement s’habituer à des contrats de gaz et d’électricité plus élevés qu’avant ceux négociés en ou avant 2021. Après avoir encaissé la crise, fournisseurs et consommateurs doivent faire face à la volatilité et à l’augmentation des coûts : volatilité du marché (et notamment des matières premières), volatilité des décisions européennes (réformes du marché, pacte vert…), volatilité réglementaire (ARENH, CEE, baisse des aides…), volatilité financière (couverture des achats à terme pour les fournisseurs, risque d’insolvabilité des consommateurs, trésorerie), coût du nouveau nucléaire, augmentation du tarif d’utilisation des réseaux…

La démarche d’achat change :

  • Quand négocier son contrat ? Est-il préférable d’attendre une baisse hypothétique ou d’avoir une visibilité budgétaire ?
  • Quelles sont les conditions de sortie d’un contrat d’énergie ? Quel bénéfice si c’est pour prendre le risque de s’exposer à une remontée des marchés ?
  • Que signifie « contrat trop cher » ? Sur quelles références ? Les prix de détail de vos contrat de 2021 (négociés en 2019 ou 2020) sont obsolètes ; même des contrats d’électricité de 2022 ont pour partie été construits sur une situation de marché à 50€/MWh (en 2021 ou avant donc).
  • Quel risque porter : contrat fixe ? Indexé ? Long terme ? Moyen terme ? Quel couverture de risque assume le fournisseur ?
  • Quels sont les leviers d’actions : étalement des paiements ? Lissage des prix ? Vérification de facture ? Optimisation du TURPE ? Demande de toutes les aides ?.

Incertitude

L’incertitude règne et pourrait durer de long mois. Si les contrats de fourniture ne suivent pas la baisse des marchés, l’arrêt planifié des aides d’état devrait coïncider avec une réforme du marché. Elle aura pour objectif de gommer une volatilité qui fait grimper les prix de détail. Les consommateurs demandent une amélioration de la visibilité (notamment réglementaire) sur le moyen terme. Entretemps, il ne faut pas hésiter à se faire accompagner pour prendre les décisions adaptées à sa situation et optimiser tous les coûts qui sont maitrisables, à commencer par sa consommation.

Accompagnement

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