Incertitudes autour du projet de loi de finance (PLF). Nous suivrons évidemment les évolutions du PLF 2026 dans les semaines à venir, notamment les aspects susceptibles d’impacter vos factures de gaz et d’électricité. Déjà, les députés rivalisent d’imagination pour faire avancer leur agenda. Voici une liste non exhaustive des amendements proposés qui seront discutés en séance publique.
- Accises sur l’énergie : alors qu’EDF pousse pour une baisse de la fiscalité sur l’électricité (un amendement proposé par un député ancien salarié de l’électricien), TotalEnergies et Engie refusent que celle-ci soit augmentée sur le gaz. D’autres députés poussent eux pour supprimer les taux réduits. Ces taux sont d’abord destinés aux énergo-intensifs. La TVA à 5,5% sur les abonnements pourrait également faire son retour et donc modifier à la marge cette même accise (la TVA est passée à 20% au 1er août, simultanément à une baisse de l’accise).
- Rejet du Versement Nucléaire Universel : un amendement de La France insoumise, soutenu par le Rassemblement national, a été adopté en commission. Il propose d’encadrer les prix de l’électricité en plafonnant les marges des producteurs à 3,5% et en liant les tarifs aux coûts réels de production, plutôt qu’aux prix du marché. Pour les entreprises, cela pourrait signifier des factures plus prévisibles (pas forcément plus basses, car cette méthodologie fait l’hypothèse que la France n’importe pas d’électricité !), mais aussi moins d’incitations pour les porteurs de projet à investir si la rentabilité du secteur est trop encadrée. Le plafonnement des marges mettrait également fin au mécanisme prévu de redistribution des revenus (Versement Nucléaire Universel, remplaçant de l’ARENH dès le 1er janvier 2026).
- Retour du charbon ? Un amendement budgétaire porté par des députés écologistes et du RN propose la continuité des opérations de la centrale à charbon de Saint-Avold dans le cadre du mécanisme de capacité (voir ci-dessous), à rebours de la volonté de sortie du charbon et de la (sur)-abondance de production d’électricité
- CEE : le financement de MaPrimeRénov’ viendrait en partie des CEE, ce qui limitera la ligne dédiée du budget 2026 à 2,5 Milliards d’Euros mais renforcerait la hausse du prix des CEE.
Bon à savoir
- Marché carbone : plusieurs États veulent repousser l’ETS2 à 2030. Plusieurs pays de l’UE souhaitent reporter à 2030 l’entrée en vigueur de l’ETS2, le nouveau marché du carbone pour les bâtiments et le transport routier prévu en 2027. Ils redoutent des tensions sociales et économiques dans les pays les plus touchés par la précarité énergétique. Ces États plaident pour plus de temps afin d’ajuster le dispositif et limiter la volatilité des prix du carbone
À retenir : pour un bâtiment consommant un combustible fossile classique (comme le gaz), l’introduction de l’ETS2 pourrait ajouter de l’ordre de €7-20/MWh si le prix du CO₂ tourne autour de €40-70/tCO₂ ! - CEE : l’enveloppe passerait à plus de 8 milliards d’euros en 2026. Le gouvernement annonce une augmentation de 27 % des Certificats d’Économies d’Énergie (CEE), qui atteindront plus de 8 milliards d’euros en 2026. Ces fonds financent la rénovation énergétique des logements, la mobilité électrique et soutiennent surtout les ménages vulnérables. L’Anah disposera de 3,5 milliards d’euros, dont 1 milliard issu des CEE, pour ses programmes de rénovation
- GNL : la fièvre des projets américain inquiète. Le marché mondial du gaz naturel liquéfié (GNL) est en pleine expansion, surtout aux États-Unis. Ces derniers prévoient de doubler leurs capacités d’exportation d’ici 2030. Mais cette croissance effrénée fait craindre une surabondance d’offre et une chute durable des prix. Des acteurs comme Shell et TotalEnergies appellent à la prudence, estimant que tous les projets ne seront pas rentables. Selon l’Agence internationale de l’énergie, la demande mondiale de gaz ne croît que lentement, ce qui pourrait transformer l’euphorie actuelle en « bulle industrielle ».
- Hausse des tarifs du réseau de transports de gaz : la Commission de régulation de l’énergie consulte sur les futurs tarifs de distribution du gaz pour les entreprises locales de distribution (ELD), applicables en juillet 2026. Les tarifs devraient augmenter nettement (de l’ordre de 30%), sous l’effet de la baisse de la consommation et du rattrapage de charges passées. La CRE juge toutefois les hausses demandées — jusqu’à +85 % pour certaines ELD — trop élevées et appelle à une meilleure maîtrise des coûts. Elle prévoit aussi de simplifier et harmoniser le cadre tarifaire à partir de 2026 avec celui de GRDF (qui couvre environ 95% du territoire).
- Mécanisme de capacité : le mécanisme de capacité garantit la sécurité d’approvisionnement en électricité en maintenant et développant les capacités de production, de stockage et d’effacement. La nouvelle version centralisée, qui remplacera l’actuelle en 2026, voit RTE contracter directement avec tous les exploitants et se finance par une taxe payée par les fournisseurs et grands consommateurs. La CRE juge le projet favorable, soulignant la bonne gouvernance, le contrôle des coûts et la limitation des enchères, mais émet une réserve sur l’intégration du soutien aux flexibilités décarbonées, qui pourrait perturber le signal prix. L’ancien mécanisme manquait de transparence et son coût avait explosé pendant la crise énergétique (à plusieurs dizaines d’€/MWh), un coût répercuté sur les factures des consommateurs.
Les marchés :
- Marché de gros de l’électricité : le marché de l’électricité en France reste marqué par une volatilité persistante des prix spot, avec une moyenne de 96 €/MWh observée sur la première quinzaine d’octobre 2025 selon RTE. La stabilité relative à moyen terme, après les pics connus en 2022-2023, s’explique par une production nucléaire renforcée (60 GW disponibles sur la période, 78 % du mix total). RTE anticipe une marge de réserve confortable pour cet hiver grâce à la capacité nucléaire accrue et une baisse de la consommation industrielle de 7 % sur un an. Au troisième trimestre de l’année, Enedis a raccordé à son réseau de distribution 1,5GW de capacités photovoltaïques et 58MW de stockage, ce qui devrait contribuer à garantir la production d’électricité et la sécurité d’approvisionnement.
- Marché de gros du gaz : les ministres de l’énergie européen sont arrivés à un accord pour interdire l’importation du gaz Russe le 1er janvier 2028 sur toute l’Europe. Ils devront se mettre d’accord avec le parlement qui souhaite anticiper cette date au 1er janvier 2027. Le niveau des stocks de gaz atteint 93% en France mais stagne en Europe (83%) en raison de la hausse de la consommation de 7% par rapport à octobre 2024.
Suivi des prix de marché de gros de l’électricité : Baseload (€/MWh) :
| Années | Clôture | ||
| 17/10/2025 | 24/10/2025 | ||
| 2026 | 56,78 | 55,46 | ↓ |
| 2027 | 58,75 | 57,54 | ↓ |
| 2028 | 62,20 | 60,98 | ↓ |
Suivi des prix de marché de gros du gaz : Marché TRF (Trading Region France) (€/MWh) :
| Années | Clôture | ||
| 17/10/2025 | 24/10/2025 | ||
| 2026 | 29,87 | 30,28 | ↑ |
| 2027 | 27,84 | 28,25 | ↑ |
| 2028 | 25,55 | 25,74 | ↑ |

