Transparence et résilience des fournisseurs après la crise de 2022. La CRE (Commission de Régulation de l’Énergie) poursuit en 2025 la mise en œuvre de mesures visant à améliorer la transparence et la lisibilité des offres proposées par les fournisseurs d’électricité et de gaz professionnels (13 lignes directrices proposées aux fournisseurs). Ces mesures s’inscrivent dans une dynamique de marché où la fin des tarifs réglementés pousse les entreprises à comparer plus activement les offres, à négocier les conditions de leurs contrats d’énergie et à examiner l’intégration de clauses sur l’électricité verte ou le gaz vert. L’accent est également mis sur l’obligation d’information et de conseil, opérée à la fois par les fournisseurs et via la régulation de la CRE. Simultanément, la CRE a publié un rapport sur le fonctionnement du marché de détail en 2023-2024. Elle met en avant l’importance de repenser les mécanismes de régulation pour anticiper les crises futures et accompagner la transition énergétique. La coopération européenne est essentielle pour mieux gérer les risques liés à l’approvisionnement, tout en assurant une protection efficace des consommateurs.
Concrètement, 17 fournisseurs sont en conformité complète (*) ou avancée. Entre février et septembre 2025, la CRE a analysé 1700 documents, 207 offres et 400 mails et a effectué de nombreux contrôles. En tout, 70 fournisseurs se sont engagés volontairement à se conformer aux lignes directrices. Les représentants des fournisseurs soulignent l’importance de ces efforts pour restaurer la confiance sur un marché encore fragilisé par la crise.
Et après ? En 2026, la CRE poursuivra ses travaux sur les lignes directrices et s’efforcera d’augmenter le nombre de fournisseurs engagés. Elle continuera à contrôler l’application des mesures 1 à 6 et commencera à vérifier les mesures 7 à 13 au premier semestre. Le régulateur se concentrera également sur l’application des règles prudentielles, notamment pour s’assurer de l’adéquation entre les approvisionnements des fournisseurs et les engagements de prix dans leurs contrats. Enfin, une intégration dans la législation est envisagée.
(*) Conformité complète : Alterna, EDF, ekWateur, Elmy, Engie, Gaz de Bordeaux, Ilek, LaBelleEnergie, Ohm Energie, Plenitude (ENI), Priméo, TotalEnergies
Bon à savoir
- Accises sur l’électricité. Il s’agit ici de la reprise d’une information de début d’année mais qui aura certainement des répercutions sur votre budget 2026. Le taux normal est de 22,50€/MWh augmenté d’une majoration qui diffère en fonction du segment de consommation. Certaines entreprises très consommatrices bénéficient d’un tarif réduit qui s’établit à 0,5€/MWh cette année. Ce tarif réduit sera échelonné entre 0,5€/MWh et 7,5€/MWh dès février 2026 en fonction de l’électro-intensivité du consommateurs. Les consommateurs devront également distinguer leur consommation tertiaire de leur consommation de production. Simplification ou casse-tête en perspective ?
- Le Marché de la production se structure : une opération stratégique majeure vient d’avoir lieu, avec la création d’une coentreprise entre TotalEnergies et EPH (holding tchèque), dédiée à la production d’électricité, avec un portefeuille intégrant des centrales à gaz, des unités à biomasse et des batteries. Cette alliance illustre la tendance du secteur à renforcer ses capacités de production flexible (gaz, biomasse, batteries) face aux enjeux de la transition énergétique et de la sécurité d’approvisionnement.
- Méthodologie du prix repère de vente de gaz pour les particuliers. La CRE a publié une délibération sur la méthode de calcul du prix repère de vente de gaz (PRVG), destiné à aider les consommateurs résidentiels à comparer les offres des fournisseurs. Ce prix, qui inclut les coûts d’approvisionnement, de transport et de distribution, vise à garantir transparence et compétitivité sur le marché du gaz, tout en protégeant les consommateurs contre des hausses injustifiées. La nouvelle méthodologie de la CRE s’inscrit dans une volonté de simplification et de transparence accrue, tout en intégrant plus finement les évolutions des coûts et en garantissant un meilleur outil de comparaison pour les consommateurs. Elle peut servir de point de repère pour les professionnels.
- Décret sur le Versement Nucléaire Universel (VNU) : un projet de décret relatif au VNU, un mécanisme clé pour protéger la facture d’électricité des consommateurs en cas de brutale remontée des marchés de gros, est en phase finale de rédaction. Le texte définit les règles pour calculer le montant du VNU en fonction des prix de vente d’EDF, son transfert aux fournisseurs d’électricité et son impact sur les factures des clients. Les principales mesures du projet incluent : le calcul du tarif unitaire du VNU ; la période de redistribution (du 1er avril au 31 octobre – hors hiver donc) ; les modalités de facturation et de compensation des fournisseurs ; le suivi financier et la collecte des données. L’absence de protection en hiver et l’incitation insuffisante à déplacer les consommations ou à électrifier le chauffage font parti des critiques du mécanisme exprimées par les représentants de consommateur. Pour une explication du VNU et de ses alternatives : article sur CDE
- Nucléaire d’EDF : au delà du VNU, l’utilisation du parc nucléaire et sa prolongation font l’actualité : la Cour des comptes recommande, dans un rapport du 17 novembre, de prolonger l’exploitation du parc nucléaire français jusqu’à 60 ans, estimant que cela serait rentable pour EDF et compétitif par rapport à de nouvelles capacités de production. Cependant, les coûts de maintenance ont augmenté, atteignant plus de 6 milliards d’euros par an entre 2014 et 2024. Le coût de prolongation est estimé à 51 €/MWh, contre 79,90 €/MWh pour la construction de nouveaux réacteurs. Dans le même temps, le PDG d’EDF, Bernard Fontana, a exprimé des préoccupations sur l’impact de la modulation accrue de la production nucléaire en 2024, soulignant des défis technologiques et de résilience pour le système électrique. EDF prévoit de soumettre une étude d’impact aux pouvoirs publics. Les désaccord sur les coûts réels du nucléaire ne sont pas prêts de s’estomper.
Les marchés :
- Marché de gros de l’électricité : le marché de gros de l’électricité en France a enregistré une relative stabilité des prix spot pour novembre selon RTE, sous l’effet d’une météo clémente et d’une production renouvelable élevée qui a limité les pics de prix traditionnellement observés à l’approche de l’hiver. Cette situation pourrait évoluer avec la baisse des températures. Les échéances des produits calendaires des 3 prochaines années continuent de baisser et la différence avec nos voisins est en train de s’accroitre. Le niveau des 50€/MWh pourrait être atteint pour les échéances de 2026, alors que nous étions restés des mois à 60€/MWh. Attention néanmoins : le parlement vient de voter une taxe sur les transactions d’électricité sur le marché de gros ; l’équilibrage du réseau en temps réel pourrait donc être taxé et se retrouver sur les factures des consommateurs.
- Marché de gros du gaz : la CRE souligne que la volatilité reste élevée, notamment sous l’impact d’éventuelles tensions sur l’approvisionnement international ou de vagues de froid brutales. dans ce contexte, le gaz recule néanmoins, en attendant le résultat des négociations entre l’Ukraine et la Russie. En Europe, le niveau des stocks de gaz baisse à 89% en France en raison de la vague de froid mais repassent sous 80% en Europe (79%).
Suivi des prix de marché de gros de l’électricité : Baseload (€/MWh) :
| Années | Clôture | ||
| 14/11/2025 | 21/11/2025 | ||
| 2026 | 53,29 | 51,37 | ↓ |
| 2027 | 56,16 | 53,77 | ↓ |
| 2028 | 59,10 | 55,88 | ↓ |
Suivi des prix de marché de gros du gaz : Marché TRF (Trading Region France) (€/MWh) :
| Années | Clôture | ||
| 14/11/2025 | 21/11/2025 | ||
| 2026 | 29,33 | 28,20 | ↓ |
| 2027 | 28,18 | 26,10 | ↓ |
| 2028 | 24,93 | 24,08 | ↓ |
