Spécial Gazelec. Gazelec est le rendez-vous annuel dédié aux stratégies d’achats énergie. Ce congrès apporte des éléments permettant de comprendre les évolutions du marché de l’énergie :

  • Une veille stratégique du marché de l’énergie (gaz & électricité) : évolutions réglementaires, géopolitique, sécurité d’approvisionnement
  • Un réseau de rencontres entre acheteurs, fournisseurs, distributeurs, consultants et prestataires
  • Une plate‑forme où exposants, sponsors et participants peuvent présenter leurs offres, services et solutions aux acteurs du secteur énergie

L’année 2025 confirme la mutation du marché de l’énergie pour les professionnels en France, avec la généralisation des offres dites « de marché ». Elle dresse également un état des lieux contrasté, même si la France bénéficie de prix de gros de l’électricité parmi les plus modérés d’Europe.
Le congrès a mis l’accent sur l’adaptation à un environnement instable (prix volatils, géopolitique, nouveaux modèles de marché). Cette instabilité et le risque sur l’économie européenne se traduisent d’abord par un conservatisme certain des acheteurs (dans leurs prises de décision ou leurs choix de fournisseur) et, en miroir, des fournisseurs (clauses contractuelles rigides, couverture accrue des risques financiers, innovation limitée dans les offres de fourniture).
Pour le marché de gros du gaz, la dépendance de l’Europe bascule de la Russie vers le GNL américain principalement. L’incertitude est réelle sur la production à moyen terme (notamment du Qatar). Les taxes, l’accès au réseau et les contributions (TICGN, CEE, ETS2, CPB – certificat de bio-méthane) s’envolent à moyen terme, sans que l’on sache exactement de combien. La facture se trouvera grevée de plusieurs €/MWh, la molécule de gaz ne représentant plus qu’un tiers du prix de la fourniture.
Bien que le marché de gros de l’électricité soit devenu moins dépendant de celui du gaz naturel, ce dernier continuera à influer sur la volatilité à court terme des prix de l’électron. Le gaz est la principale énergie permettant de combler l’intermittence des énergies renouvelables. L’ARENH, prix régulé du nucléaire historique, représentant 50% de la fourniture d’électricité dans le tertiaire, s’arrête au 31 décembre de cette année. Son remplaçant, le VNU (Versement nucléaire universel), propose un dispositif de redistribution partielle des revenus d’EDF au-delà d’un certain seuil, mais avec un effet limité pour la majorité des entreprises. Les représentants des gros consommateurs ne cessent de dénoncer ce VNU, décrit (pour paraphraser le CLEEE) comme un “parapluie troué”. Il ne protège ni EDF ni les consommateurs.
Un autre thème marquant a été la montée en puissance des offres de fourniture à formules et de l’adaptation de la consommation d’énergie (flexibilité avec rétribution des effacements) pour bénéficier notamment des prix nuls ou très bas lors des pics de production solaire (gestion des fluctuations de l’offre et de la demande).
Les fournisseurs alternatifs peinent toujours à trouver leur place, notamment pour les très gros multisites. La concurrence sur les marchés professionnels reste structurée autour de plusieurs acteurs majeurs. À la décharge des fournisseurs alternatifs, les règles prudentielles imposées par le régulateur après la crise de l’énergie vont favoriser les fournisseurs les plus solides (ce qui devrait se solder par une consolidation du nombre d’acteurs).
Bonne nouvelle : le système d’information des Entreprises locales de distribution (5% du territoire non couvert par Enedis ou GRDF) va s’ouvrir, renforçant la concurrence sur ces territoires.
Enfin, les gros acheteurs (CLEEE, UNIDEN), au delà du risque que représente l’effet ciseau entre coût de la décarbonation et surcoût de l’énergie en Europe, demandent une vraie stratégie de préférence européenne pour soutenir la compétitivité industrielle du continent au niveau mondial. Ils se projettent également dans leurs achats, 25% des membres du CLEEE ayant déjà conclu un contrat d’électricité ou de gaz pour 2029 (avec couverture partielle de leur consommation).
À retenir : au final, les échanges démontrent l’incertitude qui règne sur le marché de l’énergie, l’Europe étant dépendante des importations d’énergie fossile. La part réglementaire des factures ne cesse d’augmenter, pour le meilleur (la décarbonation par le signal prix) mais aussi pour le pire (la désindustrialisation ou la précarité). Le marché de l’électricité en France est très compétitif, mais les défis s’intensifient.
Pour vos contrats, nous confirmons nos recommandations pré Gazelec : il vaut mieux éviter de miser sur des baisses du marché de gros. La signature d’un contrat de fourniture, optimisé grâce à nos groupements d’achats, doit avant tout être basée sur une adéquation entre les prix proposés et votre activité. La priorité devrait être donnée à la visibilité et au respect du budget, plutôt qu’à la recherche d’un prix plus bas, souvent hypothétique et de risquer d’être exposé à une hausse significative. De plus, la réglementation complexe alourdit les factures, qui deviennent plus longues et sujettes à des erreurs. Enfin, réduire sa consommation reste le levier principal à activer. Nos outils sont là pour vous accompagner dans votre gestion énergétique. 

Bon à savoir

  • Électrification: le gestionnaire de réseau de transport, RTE, confiant dans la résilience du réseau électrique français, va continuer d’investir pour préparer la France à l’électrification de son économie. Même si la consommation d’électricité ne repart pas encore, les projets sont là et ils ne demandent qu’à se réaliser.  
  • Un marché qui fonctionne : la Commission de régulation de l’énergie a parmi ses fonctions de surveiller le bon fonctionnement des marché de gros. Dans son dernier rapport, résumé durant Gazelec, elle confirme que les marchés fonctionnent bien. Elle reconnait néanmoins un manque de liquidité à l’horizon 2029 et au delà : un manque attribué à une absence de demande des consommateurs et d’offre des producteurs.  
  • Bonne nouvelle du côté de la fiscalité : le projet de loi de finance (PLF) ne prévoit pas de hausse de l’accise sur l’électricité (CSPE) en 2026. Une légère baisse est même prévue. Attention néanmoins – si vous bénéficiez de tarif réduits, différents seuils sont anticipés contre un seul en 2025 (0,5€/MWh, le niveau le plus bas permis par l’UE). Par contre, le PLF ne statue pas sur la fiscalité du gaz naturel (TICGN). 

Les marchés :

  • Marché de gros de l’électricité : EDF a revu à la hausse son estimation de production d’électricité nucléaire en 2025 en France. La fourchette passe à 365-375 TWh, contre 350 à 370 TWh auparavant. Pour les années 2026 et 2027, la prévision est maintenue entre 350 et 370 TWh. Ces informations ne changent pas l’orientation en “contango” du marché de gros à terme (les prix lointains sont plus élevés que les prix sur 2026) mais toutes les échéances baissent.
  • Marché de gros du gaz : le niveau des stocks de gaz de l’UE ne décolle toujours pas, tirés vers le bas par les difficultés des opérateurs allemands. Avec une vague de froid attendue sur l’est, il est probable qu’ils stagnent encore à 82,8%. Les flux vers l’Ukraine devraient également augmenter. Les niveaux de stocks en France sont parmi les plus élevés en Europe (92,3%) mais le soutirage a dépassé les injections. La demande en Asie restant faible, les prix passent en dessous de 30€/MWh sur toutes les échéances.

Suivi des prix de marché de gros de l’électricité : Baseload (€/MWh) :

Années Clôture
  10/10/2025 17/10/2025  
2026 58,58 56,78
2027 59,95 58,75
2028 63,15 62,20

Suivi des prix de marché de gros du gaz : Marché TRF (Trading Region France) (€/MWh) :

Années Clôture
  10/10/2025 17/10/2025  
2026 30,23 29,87
2027 28,36 27,84
2028 25,98 25,55
       

 

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