De la situation du nucléaire : la situation géopolitique amène de la pression sur les prix de marché, mais surtout de la volatilité. Pourtant, cette situation n’est pas forcément la seule à considérer dans l’évolution des prix de marché. Le nucléaire a un impact peut-être plus fondamental.
Deux indices de corrosion sous contrainte ont été détectés sur le réacteur n°2 de la centrale nucléaire de Civaux, selon EDF et l’Autorité de sûreté nucléaire. Ce phénomène, découvert fin 2021, provoque de minuscules fissures sur des tuyauteries essentielles au refroidissement. Une expertise est en cours, dans le cadre du programme de contrôles 2025. En 2022, ce problème avait entraîné l’arrêt de nombreux réacteurs et une forte baisse de production pour EDF. Le réacteur Civaux 2, à l’arrêt depuis avril pour maintenance, doit redémarrer cet été.
Le gouvernement a signé le contrat de filière nucléaire 2025-2028, confirmant la relance de l’atome en France avec la construction de six nouveaux réacteurs EPR2 d’ici 2038. Ce contrat vise la maîtrise des coûts, le développement industriel, la transition écologique et l’emploi, avec 100 000 recrutements prévus et un prix plafond de 100€/MWh. Il inclut aussi les mini-réacteurs dits SMR. Pourtant, ce sujet de la relance va être à l’agenda de l’assemblée nationale cette semaine après le rejet en commission, contre toute attente, de la construction de nouvelles centrales. Ubuesque ?
Le ministre de l’industrie et de l’énergie annonce, dans La Tribune, discuter avec la commission européenne du financement des EPR2 par l’intermédiaire de prêts d’état bonifiés. Ce schéma a été utilisé par la Rép. Tchèque. Dans le même article de la Tribune, M. Ferracci prévoit la publication des décrets concernant le remplaçant de l’ARENH (“Versement universel nucléaire”) cet été. L’un des décrets permettra de partager la méthodologie de calcul du coût réel du nucléaire.
En Grande-Bretagne, le gouvernement promet également de poursuivre ces investissements en dépit du doublement des coûts de la centrale de Sizewell. Le Japon annonce lui vouloir étendre la durée de vie de ses centrales au delà de 60 ans.
À retenir : la filière nucléaire se met en ordre de marche. Pas seulement en France. “La Commission évalue les besoins d’investissement dans le nucléaire d’ici à 2050 (à 240 milliards d’euros) en vue des objectifs de décarbonation et de compétitivité“. L’objectif est de sortir des énergies fossiles à cet horizon. Un mix équilibré entre énergie renouvelable et nucléaire semble doucement se dessiner.
Si vous souhaitez un point de vue différent et militant, le média Reporterre a consacré un reportage intitulé “Nucléaire, comment il va ruiner la France“. À contrebalancer avec le coût du réseau pour le développement des EnR. Les chiffres mentionnés paraissent également très élevés mais sont le symptôme d’une industrie très capitalistique. À mettre en perspective avec les revenus générés sur la durée de vie d’une centrale. La gestion des déchets ne doit pas être mise sous le tapis.
En bref :
- CEE : le gouvernement introduit une bonification significative pour les projets éligibles à MaPrimeRénov’, multipliant par 4 le volume de CEE attribué aux entreprises réalisant ces travaux. Cette mesure vise à augmenter la part des CEE dans le financement des rénovations, passant de 30% à 60% et à soutenir la politique de rénovation énergétique des logements énergivores. Cette bonification pourrait faire augmenter de nouveau le prix des CEE selon certains acteurs (AFP).
- Eolien en mer : les 2 derniers appels d’offres de l’éolien en mer (Dunkerque et Centre Manche) ressortent à environ 45€/MWh. Démontrant la pertinence de cette technologie sachant que les prix de marché sont supérieurs à 60€/MWh.
- BEI : la Banque européenne d’investissement prévoit d’investir 1,6 milliard d’euros dans un projet de raccordement électrique dans la baie de Biscaye entre l’Espagne et la France, suite à la demande d’assistance de l’Espagne et du Portugal auprès de l’UE pour améliorer les interconnexions électriques après la panne majeure d’avril 2025.
- Solaire : de nombreuses voix se font entendre pour accélérer les déploiements des centrales solaire de toutes tailles. Ainsi, Neoen appelle le gouvernement à débloquer le projet Horizeo, une centrale photovoltaïque de 800 MW en Gironde, suspendue depuis un an à cause de la réglementation Zéro Artificialisation Nette (ZAN). Malgré un projet finalisé, les autorisations manquent. Le projet suscite aussi une forte opposition locale liée à l’environnement et à l’usage des sols.
La loi impose également l’installation d’ombrières photovoltaïques sur au moins la moitié de leur superficie, mais une PPL propose de revenir dessus si le parking est déjà ombragé par des arbres sur au moins la moitié de sa superficie. Le SER (Syndicat des énergies renouvelables) dénonce une régression (AFP).
Les marchés :
- Marché de gros de l’électricité : le prix de l’électricité sur les marchés européens a fortement augmenté, en partie sous l’effet des tensions géopolitiques au Moyen-Orient et de la hausse des prix du gaz et du CO₂ : ils ont quittés la zone de stabilité que nous connaissions depuis début 2025. Le reste de la hausse, franco-français, est lié à la découverte de nouvelles fissures sur le réacteur Civaux 2, qui ravive les craintes de 2022. Un risque systémique pourrait émerger si d’autres réacteurs sont touchés. Sur ces 2 dernières semaines, les prix à terme ont pris 10 à 15% en fonction de l’année d’échéance. Assiste-t-on à un retour de la volatilité ? Ou simplement aux niveaux que nous connaissions courant 2024 ?
- Marché de gros du gaz : les prix du gaz réagissent aux tensions géopolitiques au Moyen-Orient. Bien que les fondamentaux européens restent solides (flux norvégiens stables, bonnes livraisons de GNL), la situation du détroit d’Ormuz crée une incertitude pesant sur les marchés (20% du GNL transite par le détroit). L’arrêt des livraisons des champs Israéliens pousse également l’Egypte à augmenter sa demande de GNL.
Pendant ce temps, le niveau des stocks en France approche les 60% et dépasse juste les 50% au niveau européen. L’anticipation des remplissages en France se révèlera peut-être salutaire.
L’agence internationale de l’énergie introduit un nouveau indicateur sur la capacité de GNL dans le monde. Cet indicateur permettra aux marchés de mieux anticiper la production de GNL et donc les prix à terme qui sont très dépendants de la mise en ligne de ces capacités.
Suivi des prix de marché de gros de l’électricité :
Baseload (€/MWh) :
Années | Clôture | ||
06/06/2025 | 13/06/2025 | ||
2026 | 63,34 | 68,79 | ↑ |
2027 | 60,39 | 65,20 | ↑ |
2028 | 63,39 | 67,08 | ↑ |
Suivi des prix de marché de gros du gaz :
Marché TRF (Trading Region France) (€/MWh) :
Années | Clôture | ||
06/05/2025 | 13/06/2025 | ||
2026 | 33,88 | 35,18 | ↑ |
2027 | 29,50 | 30,27 | ↑ |
2028 | 25,72 | 26,36 | ↑ |
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