Polémiques autour du coût des CEE dans les factures d’énergie : plusieurs acteurs débattent de l’impact réel des CEE sur la facture des consommateurs. Les énergéticiens affirment que les CEE ne représentent que 3 à 5 % de la facture annuelle d’énergie. La Cour des comptes estime un coût moyen de 164€/an pour un ménage. Roland Lescure (ministre délégué à l’Industrie et à l’Énergie) reconnaît un impact mais affirme qu’il est modérément répercuté aux consommateurs par la plupart des fournisseurs. La réalité est que les places de marché enregistrent une hausse continue des prix, tant sur le spot que sur les marchés à terme. Tous les prix progressent, signe d’un marché sous tension durable. Les risques de pénalités pour les acteurs obligés induisent une pression à la hausse. Les facteurs structurels (6ème période débutant le 1er janvier 2026 avec des obligations augmentant de 27%) font craindre des difficultés d’approvisionnement au moins jusqu’à la première réconciliation de fin 2026. Cette conjoncture entraîne une hausse nette des prix, tandis que le débat public se focalise sur l’impact des CEE sur le coût de l’énergie en oubliant leur utilité : ces CEE sont utilisés pour financer les travaux d’économie d’énergie ou la mobilité électrique entre autres. Les messages politiques cherchent à rassurer ou à créer une polémique, mais les acteurs du marché reconnaissent une pression inflationniste durable. 
À retenir : la hausse des CEE est bien réelle depuis plusieurs années. Elle est estimée à 2€/MWh à minima pour 2026 (versus 2025) uniquement avec la mise en conformité des fournisseurs avec la 6ème période (incluant donc les contrats déjà signés). Cette hausse intervient après une augmentation continue depuis 4 ans. Ce plus que doublement des CEE depuis 2023 sera in fine payé par les consommateurs finaux assujettis. Comptez 10 à 12€/MWh sur les nouveaux contrats de fourniture d’électricité ou de gaz pour 2026.

Bon à savoir

  • Webinaire : vous vous posez encore des questions sur les contrats de fourniture et pourquoi la gestion du contrat compte au moins autant que le prix signé ? Vous souhaitez identifier des leviers d’optimisation ? Ou plus simplement, vous voulez recommander les services de WattValue à d’autres entreprises ? Ce “Webinaire : pourquoi la gestion du contrat compte plus que le prix signé ?” est disponible en replay et explique largement pourquoi un contrat d’énergie n’est pas un contrat comme les autres ! N’hésitez pas à le visionner et à le partager !   
  • CPB (Certificats de Production de Biogaz). Les CPB sont un nouveau mécanisme destiné à structurer les échanges liés au biométhane. En France, la place de marché CPB Market, opérée par C2E Market (l’acteur qui permet les échanges sur les CEE), a ouvert le 19 novembre. Elle est encadrée par un comité de pilotage réunissant des représentants des adhérents. L’idée est de garantir un marché fiable et transparent alors que les CPB vont être facturés aux consommateurs de gaz naturel dès 2026 (l’écart entre les obligations portées par les fournisseurs et les CPB réellement produits ou acquis se traduit principalement par une amende financière qui sera répercutée au client en raison principalement du manque de liquidité attendu).
  • Amortisseur : la Cour des comptes critique la gestion budgétaire de l’État face à l’inflation énergétique de 2022-2023, soulignant que les mesures d’urgence (subventions sur l’énergie et aides aux entreprises) ont creusé le déficit public. Si ces actions ont permis d’atténuer l’impact de l’inflation, elles ont aussi augmenté la dette sans toujours cibler efficacement les populations les plus vulnérables. La Cour appelle à des réponses plus ciblées et maîtrisées pour éviter une aggravation des finances publiques à long terme. On soulignera que de nombreux partis politiques se sont élevés contre la baisse des aides à l’énergie en 2024 en dépit de leur coût.
  • Mission. L’état va lancer une mission sur le coût des énergies renouvelables. Elle va être confié à l’ancien président d’EDF, alors que de nombreux rapports existent déjà sur le coût réel des EnR. Les analyses intégrées à la PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie), celles de la CRE (Commission de régulation de l’énergie) ou de la cour des comptes sont pourtant déjà existantes. Ce coût s’est d’ailleurs s’est transformé en reversement net au budget de l’état lors de la crise de 2022-23, et coutera 8 milliards en 2026. Le gouvernement vise à améliorer la compétitivité des projets d’énergie renouvelable, en particulier face aux fluctuations des prix de l’énergie. Il explore donc des ajustements financiers pour rendre les soutiens plus adaptés et pérennes tout en réduisant les coûts pour les consommateurs. Question : peut on analyser les EnR indépendamment des autres moyens de production, dont le nucléaire ? Ce qui importe est le coût global de la production du MWh, l’accompagnement des investissements pour les technologies de rupture ainsi que la sécurité d’approvisionnement, le sujet justement de la PPE.
  • Le courtage sous des tirs croisés : le quotidien la Tribune a publié un article incendiaire sur les courtiers. Tous ne font pas preuves de méthodes contestables, mais les exemples donnés par la journaliste sont édifiants. Certains courtiers mentent par omission, d’autres gonflent leurs marges outrageusement en profitant de la baisse des marchés de gros, des comparaisons sont faites pour avantager certaines offres plus intéressantes pour le courtier. Le pire semble néanmoins atteint lorsque un courtier a conseillé à un consommateur de souscrire un contrat alors que le client était déjà engagé ailleurs, générant des frais de résiliation insupportables.
    À retenir : exigez la transparence, notamment sur la rémunération ; ne tombez pas dans le piège des offres trop belles pour être vraies ; assurez vous de l’indépendance de votre interlocuteur ; comparez ce qui est comparable en évitant les biais de comparaison. Ce sont ces quelques éléments qui ont guidé les propositions d’offres de service de WattValue (qui au passage n’est pas courtier mais dont ces derniers pourraient s’inspirer). 

Les marchés :

  • Marché de gros de l’électricité : dans le sillage du gaz et du CO2, les prix pour 2026 (ainsi que ceux des années suivantes) sont toujours sur une tendance baissière qui ne semble pas trouver de plancher technique. La très forte disponibilité du nucléaire génère également des exportations record. Le prix spot en France est même en dessous de 35€/MWh – une curiosité en pleine période quasi hivernale. L’Allemagne continue elle d’acheter son électricité sur le marché de gros avec un premium de plusieurs dizaines d’Euros/MWh. Remarque sur la santé du nucléaire : la disponibilité atteint 75%, un plus haut depuis 6 ans mais toujours 10 points en dessous de celle de 2015 pour une production de 333TWh sur 11 mois (données : RTE). Il y a donc encore de la marge. Par contre, de nombreuses voix s’élève sur une possible usure prématurée des centrales en raison des variations de production importantes demandées au parc nucléaire. Qui dit usure, dit coût de maintenance plus élevé. Or le marché de gros actuel est très en dessous des coûts annoncés (par EDF ou la CRE) de l’atome. La chute actuelle des cours est une bonne nouvelle pour les consommateurs, un peu moins pour EDF et pour le budget de l’état.
  • Marché de gros du gaz : les prix de gros à terme atteignent un plus bas depuis 2 ans. Sur un mois, cette baisse atteint une dizaine de pourcents sur les échéances calendaires (entre 2 et 3€/MWh). Les prix actuels sont une opportunité en raison d’une surabondance d’offre notamment du GNL américain ; les prix européens se rapprochent des prix des US (ratio de 1,6x “seulement” entre le TTF et le Henry-Hub, avec une hausse de 70% sur ce dernier en un mois). La demande de court terme continue d’être limitée par une température élevée. L’absence de rattrapage des niveaux de stockages est plus surprenante avec une baisse dans tous les pays (77% en France soit 6 points de moins en une semaine qui ont plus baissé que l’Europe à 73% soit “seulement” 3 points de moins). L’annonce d’un accord mercredi dernier entre eurodéputés et états européens pour interdire toutes les importations de gaz russe dans l’UE à l’automne 2027 n’a eu aucun impact. Une subtilité néanmoins : concernant le gaz acheminé par gazoduc, l’interdiction des contrats d’achat de long terme entrera en vigueur le 30 septembre 2027 à la condition que les stocks de l’État membre soient suffisants.

Suivi des prix de marché de gros de l’électricité : Baseload (€/MWh) :

Années Clôture
  28/11/2025 05/12/2025  
2026 49,59 48,03
2027 51,85 50,49
2028 54,89 53,75

Suivi des prix de marché de gros du gaz : Marché TRF (Trading Region France) (€/MWh) :

Années Clôture
  28/11/2025 05/12/2025  
2026 27,13 25,97
2027 25,52 24,86
2028 23,75 23,50