L’hydroélectricité – une belle énergie en sommeil – l’hydroélectricité est la première source d’énergie électrique verte en France. Sa production est pilotable, cruciale pour la stabilité du réseau et pour compenser l’intermittence des énergies renouvelables sans faire appel au gaz. En 2024, la production hydraulique a augmenté de 27%, contribuant à un record de 150 TWh d’énergies renouvelables. Cependant, un vieux litige avec Bruxelles bloque les investissements depuis dix ans. Ce blocage est dû à la demande européenne d’ouverture à la concurrence pour les concessions hydroélectriques, ce que la France refuse. En conséquence, aucun nouveau projet de stations de transfert d’énergie par pompage (Step *) ne peut être lancé, bloquant l’équivalent de 5 GW d’énergie renouvelable et pilotable additionnelle. Le gouvernement travaille à “solder ce précontentieux” avec la Commission européenne sans mise en concurrence. Une consultation est en cours pour faire évoluer le régime juridique de l’hydroélectricité (source : AFP).
(*) Les Steps sont l’équivalent d’une batterie “mécanique” fonctionnant par effet de gravité entre 2 réservoirs. Elle utilise l’électricité disponible en excédent ou en heures creuses pour pomper de l’eau dans un réservoir en basse altitude vers un réservoir placé plus haut. L’eau est ensuite relâchée pour actionner des turbines en période de pointe.

À retenir : les “Steps” sont “la” solution de stockage d’électricité la plus vertueuse. Elles n’utilisent pas de terres rares (contrôlées par la Chine) ou de batteries chimiques ; elles sont aussi fonctionnelles pendant des dizaines d’années (la plus ancienne en service en France date de 1976). Elles devraient faire partie de la programmation pluriannuelle de l’énergie pour laquelle les politiques continuent de s’écharper… Ils préfèrent voter contre la relance du nucléaire (RN), l’autoconsommation (Renaissance contre un déploiement non contrôlé et RN contre) ou proposer une nouvelle version partisane (le PS vient de présenter sa propre stratégie, le Sénat de voter sa propre loi de programmation proposant 14 EPR2) ! 

En bref :

  • Prix de marché négatifs : en mai, 90% des jours ont connu au moins une heure de prix de marché au comptant négatif (132 heures au total) – une situation attendue en raison de la très faible demande sur le mois et de la production solaire abondante. Les heures négatives incitent les producteurs à baisser leur production et permettent ainsi d’équilibrer le réseau. La production nucléaire d’EDF a d’ailleurs baissé à 25TWh sur le mois, un plus bas depuis 2023 (sources : RTE et EEX).
  • Arrêts de production – la production d’énergies renouvelables, prioritaire par conception, est souvent critiquée pour sa contribution aux prix de marché négatifs, notamment lorsque les installations sous obligation d’achat continuent de vendre leur électricité à un tarif garanti par l’État, indépendamment des conditions du marché. Pour sortir de cette situation, le ministère de l’Industrie demande aux grands producteurs d’électricité renouvelable d’arrêter leur production lors de prix négatifs. Des parcs éoliens maritimes ont signé des avenants et effectué des arrêts. Un mécanisme d’ajustement avec compensation est mis en place pour limiter l’impact financier et électrique de ces périodes. C’est le principe de la flexibilité à la baisse (ministère de l’économie).
  • Explosion du prix des CEE : cela fait plusieurs mois que nous mettons les consommateurs en garde sur l’augmentation des prix des CEE. La place de marché C2E Market publie un suivi des prix d’échange des CEE. Le résultat est consternant, surtout pour les CEE précarité (+30% en 2 mois). L’augmentation des prix des CEE que vous retrouvez sur vos factures est proportionnelle aux prix des CEE classiques et précaires.

    Mois
    CEE Classique
    CEE précarité
    Mai 2025
    8,50
    14,37
    Avril 2025
    8,23
    13,01
    Mars 2025
    8,17
    11,52

     

  • TRV Gaz : la commission des affaires économiques de l’assemblée vient de voter un amendement rétablissant le tarif réglementé de vente du gaz. Pour les députés RN et de la gauche qui l’ont voté, c’est “une protection contre les hausses brutales des prix“. Sauf que le TRV gaz était indexé au prix du marché de gros au pas mensuel et que la France importe 100% de son gaz. Donc ce n’est pas une protection, juste un effet de manche.
  • Mauvaise nouvelle pour les émissions de CO2 en Allemagne : au T1 2024, la production d’électricité éolienne et photovoltaïque a baissé de 17% ; pour compenser la production à base de gaz à augmenté de 27% et la part du charbon de 15% (source : office fédéral des statistiques).

Les marchés :

    • Marché de gros de l’électricité : avec une demande en berne, il n’est pas surprenant de voir que le marché de l’électricité n’a pas suivi le marché de gros du gaz. C’est une première à notre connaissance – le mois a enregistré 2 jours complets en prix négatifs (prix day ahead). La stabilité des prix à terme en 2026 et 2027 reste extrêmement constante en dépit du retour de toutes les échéances au dessus de 60€/MWh. Les fournisseurs se positionnent de plus en plus pour proposer des offres sur 2028. Nous étendrons nos prochaines consultations groupées sur cette année 2028 très prochainement.
    • Marché de gros du gaz : Le niveau de remplissage des stocks continue de s’améliorer – avec un acteur de stockage qui a maintenant dépassé les 60% de remplissage. Téréga a annoncé avoir commercialisé 100% de ses capacités pour 2025-2026 et dépassé 64% de remplissage, un niveau assez exceptionnel pour cette période. Mais attention, ce n’est pas le cas dans le reste de l’Europe qui peine à remplir ses capacités de stockage. En attendant l’arrivée massive de GNL prévue pour 2027-2028, les marchés gaziers restent très volatils. Experts et analystes (France Gaz notamment, le 27 mai) soulignent la sensibilité accrue aux événements géopolitiques, la nécessité de diversification, de scénarios de risque et d’analyses rapides pour anticiper les chocs et sécuriser l’approvisionnement. Ces points ont été soulevés maintes fois dans notre infolettre et devraient inciter les consommateurs à sécuriser leurs contrats de fourniture pour se prémunir de la volatilité
        

Suivi des prix de marché de gros de l’électricité :
Baseload (€/MWh) :

Années Clôture
  02/06/2025 05/06/2025  
2026 60,44 62,97
2027 58,77 60,38
2028 61,85 63,32


Suivi des prix de marché de gros du gaz :
Marché TRF (Trading Region France) (€/MWh) :

Années Clôture
  23/05/2025 03/06/2025  
2026 32,41 33,99
2027 29,27 29,47
2028 25,14 25,90
       

 

👉 Rappel : deux nouveaux livres blancs disponibles au téléchargement

  • “Comment réduire sa facture d’énergie en 2025” télécharger le à cette adresse
  • “Taxes sur l’électricité : comprenez la CSPE / TICFE et découvrez comment payer moins” il est consultable en suivant ce lien

N’hésitez pas à nous contacter pour toute question relative à notre accompagnement sur ces deux sujets.

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