Alors que l’avant-propos du commissaire général de France Stratégie résume bien les grands points du rapport (voir nos articles du 2 et du 9 Octobre), ce dernier article reprend la problématique de l’impact de l’énergie renouvelable sur le marché.

• Sécurité d’approvisionnement : la gestion des énergies renouvelables

Dans la partie du rapport dédiée à la sécurité de l’approvisionnement, Étienne Beeker fait une large place aux énergies renouvelables. Si celles-ci posent de nombreuses questions, elles peuvent également apporter des réponses en matière de sécurité d’approvisionnement sous réserve de revoir leur gestion.

• Le problème de l’intermittence de la production
La fourniture d’électricité constitue sans doute le plus bel exemple de système à flux tendu. L’offre devant en permanence s’adapter à la demande, une parfaite coordination entre fournisseurs et consommateurs est indispensable à l’équilibre du système.

Si les sources d’énergie que sont le nucléaire, le gaz ou l’hydraulique peuvent être maîtrisées pour tout ou partie en fonction de la demande. Les énergies renouvelables se révèlent pour leur part majoritairement intermittentes alors qu’elles sont de plus intégrées dans le mix énergétique. Par rapport aux prévisions nationales et européennes à long terme, le risque est que les investissements nécessaires ne soient pas réalisés. À court terme, c’est le risque de blackout qui guette avec l’intégration de sources d’énergie indisponibles au moment des pics de consommation.

• L’obligation d’achat doit être réaménagée
Le mode de soutien actuel aux producteurs d’énergies renouvelables fait qu’ils n’ont pas à se soucier des besoins réels d’approvisionnement. L’obligation d’achat de l’énergie produite par les parcs éoliens et photovoltaïques a un impact négatif sur le marché avec d’importantes distorsions. Cette obligation d’achat prendra fin en 2015 suite aux décisions prises suite aux recommandations soumises par le premier rapport de France Stratégie.

Une aide publique vient remplacer sous conditions l’obligation d’achat. Ces conditions passent par des appels d’offres obligatoires à compter du 1er janvier 2017. Ce mécanisme passe par un contrat de fourniture d’électricité mettant le producteur d’énergie renouvelable devant ses responsabilités. Ce nouveau dispositif n’est sans doute pas parfait du fait qu’il garantit une rémunération du producteur d’EnR quelle que soit la demande, ce qui peut être source de distorsions du marché. Il est toutefois préférable à l’ancien système sans cadre réel.

• Le manque de recul sur l’incidence réelle des EnR sur le marché
L’instauration d’un marché de gros de l’énergie coïncidant avec le fort développement des énergies renouvelables, il est difficile d’affirmer que ce sont ces dernières qui sont responsables du déséquilibre du marché de l’électricité. Faute de recul, rien ne permet d’affirmer que le marché de l’électricité serait plus stable sans l’apport hors marché des EnR.

• Une Europe dans l’obligation d’innover
Après avoir incité à juste titre au développement d’énergies non polluantes, l’Europe doit à présent innover dans la gestion de son mix énergétique intégrant les énergies renouvelables. Cette gestion efficace passe par une politique commune prenant en compte les spécificités de chaque état membre dont elle est informée des décisions majeures. La sécurité de l’approvisionnement de chaque pays étant directement associée à la vie de l’Europe de l’énergie, la communauté doit définir des objectifs clairs et réalisables. Pour cela, elle doit revoir sa manière de penser en prenant en compte les réalités de terrain, quitte à abandonner certaines idéologies du passé.